09 janvier 2014
Carnet : de l’instant réel qui devient un rêve
Cette nuit il fait si doux que je n’ai même pas allumé le feu dans la cheminée. Janvier trompeur qui donne une brève illusion d’avant printemps mais l’hiver rôde dans la montagne avec sa saleté de neige en réserve. Et puis, au fond des vallons qui environnent la maison, comme une soufflerie en fond sonore et qui monte parfois brutalement en puissance pour secouer les volets.
De plus en plus souvent, malgré la situation idéale de ma maison dans la campagne du Haut-Jura, je rêve du climat océanique qui me convient si bien et qui m’apaise. Que donnerais-je pour un verre en terrasse en compagnie de mélomanes, de lecteurs et de lectrices de littérature, de poésie.
Étrange de savoir qu’après deux petites heures d’avion, je pourrais être en ce moment à Lisbonne et revivre cette promenade d’octobre dernier, un soir humide et doux après le restaurant, n’ayant d’autre souci que de fumer un Por Larrañaga en photographiant un tramway.
Mais ce moment était unique, aussi fugace que les volutes de mon havane s’invitant dans le cadre de la photo. Un instant réel qui devient un rêve, c’est un comble... Oui je sais, cela s’appelle un souvenir. Ne me secouez pas, je suis plein de souvenirs.
Photo : Lisbonne, octobre 2013. Photo Christian Cottet-Emard.
© Orage-Lagune-Express 2014
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02 novembre 2013
En deuil des vivants
Il comptait sur l’hiver,
sur son office de ténèbres,
pour épouser ses deuils.
Mais la prière se mesure
à l’absence, à l’énigme,
au récit d’un été.
Les voûtes n’ont pas pu tenir
le retour d’une joie ancienne.
La nuit alourdit de pétales
la veillée des faux morts,
ceux dont l’oubli ne veut.
Variante (novembre 2013) d’un poème extrait de mon recueil Le Pétrin de la foudre, © éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
02:05 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pétrin de la foudre, éditions orage-lagune-express, poésie, littérature, carnet, journal, été, hiver, deuil, défunts, automne, jour des défunts, énigme, absence, voûte, pétale, joie ancienne, retour, blog littéraire de christian cottet-emard, reflet, vitrail
10 août 2013
L'inversion de la fourche
Le paysan en deuil du blé
planta sa fourche dents en l'air
entre le sillon et l'ornière.
Il libéra les emmurés :
« Si je n'avais semé que des épouvantails ? »
hésita-t-il en invitant les passereaux
et toutes les divinités qui font ripailles
pendant que l'ingénieur travaille du chapeau.
« Foin des villages ancillaires,
ta moisson s'engrange à l'envers ! »
riaient les fleurs dans les épis
en défiant tous ses outils.
Ce jour-là se vengeant des siècles d'esclavage,
la fourche s'envolait trop haut dans les nuages
et tous les clavelins de son vin de gelée
ne purent épingler le paysan au pré.
Extrait de mon recueil : Le Pétrin de la foudre, éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
Ce poème a aussi été publié en ouverture de plusieurs numéros de la revue Le Croquant, notamment le numéro anniversaire des vingt-deux ans de la revue (n°57-58), à l'initiative de son directeur fondateur Michel Cornaton.
23:55 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fourche, paysan, le croquant, revue le croquant, clavelin, vin de gelée, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, éditions orage-lagune-express, michel cornaton, christian cottet-emard, littérature, vin jaune, château chalon, savagnin, cépage, vigne, percée du vin jaune, franche-comté, vendange tardive